Ça fait maintenant plusieurs années que l'IA est au cœur des débats, on évoque les questions d'éthiques, de performances, de guerre, de comment l'IA va révolutionner notre société. Mais je suis très étonné de voir que l'on ne parle pas, si ce n'est une poignée d'experts, de la question de la possibilité de ce monde-là.
Ça fait maintenant plusieurs années que l'IA est au cœur des débats, on évoque les questions d'éthiques, de performances, de guerre, de comment l'IA va révolutionner notre société. Mais je suis très étonné de voir que l'on ne parle pas, si ce n'est une poignée d'experts, de la question de la possibilité de ce monde-là. Je sais que l'IA en fait fantasmé plus d'un, et moi le premier, mon coté geek est fasciné par ce qu'on est capable de faire, mais ce monde pour lequel nous débattons, n'arrivera très probablement pas.
L'IA ne sort pas d'une baguette magique, elle dépend d'énormément de ressources :
Et ce n'est plus une surprise pour personne, les ressources de notre planète sont limitées.
Des questions sur la priorisation de ces ressources vont donc devoir se poser dans le débat public. Si nous ne le faisons pas de manière volontaire aujourd'hui, elles s'imposeront d'elles même, tôt ou tard, de toutes façons. Autant anticiper (même si je sais qu'on a jamais été bon là-dedans, nous préférons agir au pied du mur).
Ces questions se sont déjà posées dans différents pays, en raison de différentes crises, notamment au Chili. Le Chili possède les plus grosses réserves de cuivre et de lithium au monde, des ressources indispensables au numérique et à la transition énergétique. Ces réserves se trouvent également au nord du pays, zone parmi les plus arides au monde. Le problème étant que l'eau est autant indispensable à ces activités minières qu'à la population. En 2021, alors que le pays est victime d'une grosse sécheresse, un tribunal environnemental a pris la décision d'interdire temporairement (3 mois) à la mine de Cerro Colorado de pomper de l'eau dans l'aquifère de Lagunillas, par manque d'eau potable pour ses habitants.
Lorsque l'on parle du numérique, on ne pense pas à l'eau, et pourtant elle est aujourd'hui présente à toutes ses étapes : production, exploitation, et recyclage. S'il n'y a plus d'eau, il n'y a plus de numérique.
Alors oui, la question de savoir si nous préférons avoir une IA toujours plus performante et toujours plus présente quotidiennement, ou si nous préférons manger et boire, arrivera bien plus vite que nous le pensons. Le Chili, lui, a dû faire le choix entre prioriser l'eau pour sa population plutôt que pour une activité qui représente l'une de ses principales sources de revenus (15% du PIB).
Cette semaine, la plus grande mine cuivre au monde, toujours au Chili, fait face à une nouvelle crise, cette fois sociale. Les travailleurs sont en grève et réclament 1% des dividendes, ce qui équivaut à 36000$ par travailleur. Une grève similaire avait eu lieu en 2017, elle avait duré 44 jours, ce qui avait provoqué une contraction de 1,3% du PIB du pays. Selon les syndicats, cette grève pourrait durer encore plus longtemps, je vous laisse imaginer l'impact sur le pays, et sur toute la chaîne de production.
Ces crises ne font que commencer, et vont s'intensifier de plus en plus. Voulons-nous encore investir notre temps et nos ressources précieuses dans des projets, comme l'IA, qui ne feront que nous fragiliser dans le futur, ou plutôt les investir pour rendre le numérique et notre société plus robuste ? L'IA est en train de mourir dans l'œuf, il va vite falloir faire son deuil.