Numérique Plus-Juste vs numérique responsable

Introduction

Le numérique Plus-Juste n'est pas un synonyme du numérique responsable, mais bien un nouveau terme pour une nouvelle approche. Même si ces 2 approches se ressemblent et partagent beaucoup de points communs, le numérique Plus-Juste se distingue sur plusieurs points importants, qui selon nous, nécessitaient donc d'utiliser un nouveau terme pour éviter de les confondre.

Numérique Plus-Juste : une approche plus globale

Le numérique Plus-Juste se distingue tout d'abord par son approche plus globale et surtout plus systémique.

Aujourd'hui, le numérique responsable s'intéresse à 3 périmètres, qui sont :

  • Green IT 1.0, ou Green for IT
    “Démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication”

  • Green IT 1.5 ou Système d’Information Développement Durable
     "Un Système d’Information Développement Durable (SIDD) est constitué de l’ensemble des logiciels déployés par l’organisation au service du développement durable."

  • Green IT 2.0 ou IT for Green
     “Démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’empreinte économique, écologique et sociale d’un produit ou d’un service, grâce au numérique“

S'attaquer à ces problématiques c'est déjà un énorme travail, et c'est aller dans la bonne direction. Mais nous pensons que ce n'est pas suffisant.

Le numérique est au cœur de notre modèle de fonctionnement, il se trouve dans tous les domaines, et pour la plupart en sont complètement dépendants. Il fait donc partie de notre système, et c'est pourquoi nous pensons qu'il faille l'aborder de manière systémique et non en silo.

Le numérique Plus-Juste c'est exactement cela, une approche systémique du numérique qui embrasse tous ses enjeux en même temps.
Il n'est plus question d'aborder les problèmes par domaines, mais plutôt de manière globale.
C'est un changement d'approche majeur, puisque notamment dans le numérique, on nous apprend à simplifier les problèmes en sous-problèmes pour y trouver des solutions plus simples. En systémique, il n'existe pas de solutions, mais des leviers permettant d'actionner des mécanismes de rétroaction. Ironiquement, la binarité n'existe donc pas dans le numérique Plus-Juste.

Par exemple, aujourd'hui nous voyons souvent des groupes d'experts qui travaillent d'un côté sur les sujets de cybersécurité, et de l'autre sur ceux du numérique responsable. La plupart du temps, leurs solutions sont en opposition. Pourquoi ? Parce qu'ils travaillent chacun de leur côté. Pourtant, il n'est pas question de faire un choix entre ces deux domaines, puisqu'ils sont tout aussi important.

Avec le numérique Plus-Juste, il n'existe plus de division des expertises, nous travaillons ensemble pour actionner un ensemble de leviers qui répondra aux problèmes locaux.

Numérique responsable au service du développement durable

Numérique responsable :
“ensemble des technologies de l’information et de la communication dont l’empreinte économique, écologique, sociale et sociétale a été volontairement réduite et / ou qui aident l’humanité à atteindre les objectifs du développement durable.“

Nous trouvons cette définition du numérique responsable sur le site du Green IT, qui est à l'origine du concept.

En reprenant cette définition, nous comprenons alors que le numérique responsable est au service du développement durable, et c'est également sur ce point que le numérique Plus-Juste se distingue.

Pour mieux comprendre cette distinction, faisons un petit retour en arrière pour mieux comprendre ce qu'est le développement durable et ses origines.

En 1983, l'ONU demande à Mme Gro Harlem BRUNDTLAND de présider une commission indépendante pour enquêter sur la question du développement et de l'environnement.

En 1987, la commission remet ce rapport "Our common futur", ou plus souvent connu sous le nom de "rapport Brundtland". C'est la naissance du concept de « sustainable development » traduit en français "développement durable" et non "développement soutenable", avec comme définition : "un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs".
C'est en 1992, lors du "sommet de la Terre" à Rio, organisé par l'ONU, que 170 chefs d'Etat d'adoptent le concept de développement durable, notamment au travers d'un programme appelé Agenda21.

Le rapport Brundtland n'est pas un rapport scientifique, mais un document politique et stratégique qui présente des recommandations pour un développement durable, mais il ne peut être considéré comme un rapport scientifique au sens strict. Cette notion est importante, puisque différents domaines se sont emparés du concept, notamment le domaine économique. Nous retrouvons alors 2 écoles qui s'affrontent, les économistes néoclassiques, école sur laquelle la plupart des économies reposent aujourd'hui, et les économistes écologiques.

La durabilité faible

Les économistes néoclassiques traduisent la notion de durabilité comme "la somme des capitaux futurs doit être au minimum aussi important que celle présente aujourd'hui".
Autrement dit, cela admet que les différents type de capitaux (naturel, humain, social, etc.) sont interchangeables et que seule la somme des capitaux doit rester identique ou croître, sans mettre en péril le bien-être des générations futures. Par exemple, si nous coupons une forêt pour en faire des palettes, le capital total restera le même, puisque seul le type aura changé. 

Cette durabilité repose sur les fondements de l'économie néoclassique où certains concepts nous posent de sérieuses questions. Selon le modèle, nous, les humains, sommes considérés comme des agents rationnels, infaillibles, qui cherche à maximiser ses gains. Ce modèle part également de l'hypothèse qu'il existe une concurrence pure et parfaite, c'est-à-dire :

  • Aucun agent économique ne peut influencer les prix du marché

  • Le choix du consommateur n'est guidé que par les prix (en aucun cas par la beauté, la qualité d'un produit, etc)

  • L'information totale de ce qui se passe sur les marchés est disponible pour tous dans une transparence parfaite

  • Une libre circulation des capitaux et de la main d'œuvre

Jean Basptise Say, considéré comme le fondateur de l'école classique française en économie et du libéralisme économique en France, enseignait dans son cours d'économie :
« Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques »

Cette durabilité, reposant sur ce modèle économique est couramment appelée la "durabilité faible" ou la "soutenabilité faible"

La durabilité forte

En opposition au modèle néoclassique, des économistes écologiques ont donné une autre définition à la durabilité, qu'on appelle plus communément la "durabilité forte" ou "soutenabilité forte".  Les économistes écologiques avancent l’idée que le capital créé par les hommes n’est pas parfaitement substituable au « capital naturel », et donc que les technologies ne pourront pas substituer les services écosystémiques. Ils affirment que les innovations technologiques sont ambivalentes en termes de durabilité, elles font partie des solutions, mais sont aussi une des sources du problème, notamment au niveau social et environnemental.

La durabilité forte est caractérisée par le fait qu'il soit nécessaire de maintenir au travers du temps le capital naturel critique, c'est-à-dire, le capital nécessaire pour répondre aux besoins des générations futures.
Ils introduisent également des règles de prudences minimales :

  1. Les taux d’exploitation des ressources naturelles renouvelables devraient être égaux à leurs taux de régénération

  2. Les taux d’émission des déchets devraient correspondre aux capacités d’assimilation et de recyclage des milieux dans lesquels ils sont rejetés

  3. L’exploitation des ressources naturelles non renouvelables devrait se faire à un rythme égal à celui de leur substitution par des ressources renouvelables

Aujourd'hui, dans la majorité des Etats, c'est le modèle de durabilité faible qui est choisi, notamment du fait qu'il repose sur le modèle économique actuel, et demande alors beaucoup moins de remise en question et donc de changement. Cela fait plus de 30 ans que nous mettons en place des politiques de développement durable faible. Comme nous pouvons le constater au gré de la situation actuelle, les résultats ne sont pas suffisants. Et pour cause, la plupart des scientifiques du domaine s'accordent à dire que la durabilité faible n'est pas réellement durable.

Bien que nous ne pouvons pas faire une généralité, mais dans la grande majorité des cas, lorsque nous parlons de développement durable, nous parlons de la durabilité faible. Chez E-magem , nous voulons aller vers la durabilité forte, c'est pourquoi, pour éviter toute ambiguïté, le numérique Plus-Juste n'est pas au service du développement durable, mais au service du vivant, et donc d'une vraie durabilité.

Pourquoi avoir choisi le terme "Plus-Juste" ?

Le terme "Plus-Juste" n'a pas été choisi au hasard, il a été le fruit d'un processus de philosophie et de clarification du sens des mots.

Nous sommes partis du mot "écologique", puisqu'un des grands objectifs du numérique Plus-Juste est d'impacter le moins possible notre système Terre dont nous dépendons. Nous avons donc essayé de définir ce qu'était quelque chose d'écologique, et nous en sommes arrivés à la conclusion que c'était tout bonnement une définition très subjective, propre à chacun. Nous en avons fait un article Qu'est-ce qu'être écolo ? que nous vous invitons à lire évidemment.

Nous ne voulions pas utiliser de terme qui pouvait être trop subjectif, et trop binaire, puisque comme on le mentionnait plus haut, la systémique ne peut pas être binaire. Nous voulions donc un mot qui suggère le chemin de l'amélioration, qui suggère une direction plus qu'une destination. De plus, l'approche du numérique Plus-Juste n'est pas axée que sur le côté environnemental, mais bien sur l'ensemble des enjeux.

C'est comme cela que le mot "plus" est arrivé dans la réflexion. "Plus" suggère une comparaison relative, par exemple, nous pouvons facilement dire si telle chose est plus écologique qu'une autre.

Le "numérique plus responsable" est naturellement arrivé en premier dans nos esprits, mais plusieurs points nous dérangeaient. Nous considérons notre approche sensiblement différente de celle du numérique responsable, et la nommer ainsi aurait apporté beaucoup de confusion. Le terme "responsable" est également très connoté environnemental, alors que nous voulions quelque chose qui évoque un ensemble plus large. De plus, une des définitions de "responsable" est "qui s’emploie à respecter les valeurs du développement durable" Larousse.
Et comme nous le mentionnons, nous ne souhaitons pas être associés au développement durable (durabilité faible).

Le terme "juste" s'est très vite imposé, car il regroupait beaucoup de sens qui résonnaient avec notre approche.

  • Juste pour la justice 
  • Juste pour la moralité
  • Juste pour la proportion exact, juste ce qu'il faut, ni plus ni moins 
  • Juste pour la justesse, l'exactitude

Combiné ensemble, "plus" et "juste" donne de nombreux sens qui s'accordent parfaitement avec ce que l'on veut véhiculer, un numérique plus juste. Pour éviter que le mot "plus" s'égare en route, nous avons ajouté un tiret et des majuscules. C'est pour nous une façon d'essayer de verrouiller leur association, afin de garder le sens initial de l'approche.

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